Les rapports de force entre nations toujours en évolution mettent en lumière les raisons pour lesquelles certains pays dominent d’autres. La géopolitique, les intérêts économiques et la culture jouent des rôles prépondérants dans ce tableau complexe. Dans cet article, les différentes dimensions de la puissance des États et les dynamiques qui les sous-tendent seront explorées.
Les dimensions multiples de la puissance d’un pays
La puissance d’un pays peut être analysée à travers plusieurs dimensions, qui influencent non seulement ses relations bilatérales, mais également son rôle sur la scène internationale. Comme l’a défini Serge Sûr, la puissance est la « capacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire et de refuser de faire ». Chacune de ces capacités constitue un pilier pour appréhender la domination d’un pays sur un autre.
Capacité d’agir : les ressources militaires et économiques
La capacité d’un État à agir de manière autonome est souvent liée à ses ressources militaires et économiques. Par exemple, un pays avec une armée bien équipée dispose d’un atout majeur pour se défendre et pour projetter son pouvoir à l’étranger. Les investissements dans la technologie et l’armement sont primordiaux. Un bon exemple est le budget militaire des États-Unis, qui représente environ 40% des dépenses militaires mondiales. Cette domination militaire leur permet d’exercer une influence considérable sur de nombreuses régions du monde.
D’un autre côté, la puissance économique réside dans l’influence sur les marchés internationaux, notamment par la capacité à importer et à exporter des biens. Un pays comme la Chine, devenue l’« usine du monde », a accru son influence économique en contrôlant une part importante de la production mondiale. Son accès à des matières premières et ses avantages en termes de coûts de production lui permettent d’influencer les prix sur le marché mondial.
- Investissements militaires : la nature des technologies de défense.
- Accords commerciaux : influence sur les politiques des pays partenaires.
- Innovation technologique : domination par l’innovation et le développement produits.
Influence : faire faire et empêcher
La deuxième dimension concerne la capacité de faire faire, c’est-à-dire l’influence qu’un pays exerce sur d’autres nations ou entités. Cela peut se manifester par des pressions diplomatiques ou commerciales. Par exemple, un pays peut utiliser des organisations internationales, comme l’ONU, pour promouvoir ses intérêts. En outre, il peut exercer des pressions économiques sur d’autres États via des sanctions ou des embargos, limitant ainsi leur capacité à agir. Cela est particulièrement visible dans les relations entre les États-Unis et d’autres nations face à des comportements jugés hostiles.
La capacité d’empêcher de faire est également cruciale. Par exemple, le droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies permet à un petit groupe de pays de bloquer des résolutions qui pourraient aller à l’encontre de leurs intérêts. Ce mécanisme de contrôle illustre comment la dynamique du pouvoir peut se concentrer entre les mains de quelques nations.
Le refus d’action : un acte de souveraineté
La capacité de « refuser de faire » est un aspect qui entre en jeu face aux pressions extérieures, qu’elles soient économiques ou politiques. Un exemple significatif est celui des pays qui choisissent de ne pas se conformer aux sanctions imposées par des puissances occidentales, comme on l’a vu avec la Russie. Ces pays mettent en avant leur souveraineté et leur droit à l’autodétermination, ce qui constitue un défi direct à l’hégémonie des nations dominantes.
Cette dynamique peut également se traduire par la formation de blocs d’États qui partagent des intérêts communs, permettant à des nations plus petites de contrebalancer l’influence des grandes puissances.
| Dimension de la puissance | Description | Exemples |
|---|---|---|
| Capacité d’agir | Ressources militaires et économiques | Budget militaire des États-Unis; croissance de la Chine |
| Capacité de faire faire | Influence sur les décisions d’autres nations | Pressions économiques; rôle des organisations internationales |
| Capacité d’empêcher de faire | Mécanismes de contrôle et sanctions | Droit de veto à l’ONU |
| Refus de faire | Souveraineté face aux pressions | Position de la Russie face aux sanctions |
Retour sur l’histoire : les racines de la domination
Pour comprendre la hiérarchie des puissances, une plongée dans l’histoire est indispensable. Au début du XXe siècle, deux grandes puissances se partagent le monde : l’Empire britannique et l’Empire français. Ces empires se sont construits sur des bases d’impérialisme et de colonialisme, se concentrant sur l’expansion territoriale. La domination britannique, par exemple, se caractérisait par la prévalence langagière et culturelle sur d’autres continents.
Les empires coloniaux : un modèle de domination
L’Empire britannique à lui seul représentait près de 30% des échanges commerciaux mondiaux au début du XXe siècle. En contrôlant des routes maritimes clés et en instaurant le monde thalassocratique, il assurait son rôle de leader économique. L’influence britannique s’étendait jusqu’aux colonies, où la culture et les normes britanniques étaient imposées, ce qui a eu des impacts durables sur les sociétés colonisées.
La France, à travers son empire colonial, a également marqué les esprits, en instituant le français comme langue d’usage dans de nombreuses régions d’Afrique et d’Asie. Ce modèle, fondé sur un contrôle territorial, a façonné les relations internationales de l’époque, mais a également suscité des mouvements de résistance qui ont façonné le monde moderne.
Les conséquences des guerres mondiales
Après les deux guerres mondiales, le paysage géopolitique mondial a été redessiné. Les économies européennes étaient ravagées, laissant place à l’émergence de deux superpuissances : les États-Unis et l’Union soviétique. Chacune de ces puissances cherchait à étendre son influence à travers des alliances stratégiques et des interventions militaires, mettant en place une guerre froide qui a marqué la seconde moitié du XXe siècle.
- Les États-Unis : développement d’une hyperpuissance.
- L’Union soviétique : modèle alternatif contestataire.
- Les mouvements de décolonisation : émergence de nouvelles nations.
La puissance au XXIème siècle : aspects contemporains
À l’aube du XXIe siècle, le monde a assisté à de profondes mutations qui redéfinissent les rapports de puissance. Les États-Unis, au lendemain de la Guerre froide, étaient souvent qualifiés d’« hyperpuissance », représentant 25% du PIB mondial et occupant une place centrale dans l’économie globale. Cependant, avec l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001, une nouvelle dynamique émerge.
La montée en puissance de la Chine
La croissance économique de la Chine, qui a dépassé les 10% pendant plusieurs années, a radicalement changé les rapports de force. Le pays est estimé être devenu la seconde puissance commerciale mondiale en raison de ses investissements massifs à l’étranger et d’une stratégie appelée la « diplomatie du chéquier ». Ces efforts ont non seulement augmenté son influence économique, mais également sa capacité à construire des alliances stratégiques à travers le monde.
Les avancées technologiques chinoises se rivalisent désormais avec celles des géants de la technologie américains, telle que la concurrence entre BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) et GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). L’émergence de ces nouvelles puissances remet en question l’hégémonie traditionnelle.
Les BRICS et les BENIVM : des acteurs inévitables
Au cours des dernières décennies, des pays traditionnellement considérés comme en voie de développement, tels que les membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et de nouveaux entrants comme les BENIVM (Bangladesh, Éthiopie, Nigéria, Indonésie, Vietnam, Mexique), ont gagné en importance sur la scène internationale. Ils représentent une part croissante de l’économie mondiale et sont souvent perçus comme des acteurs fondamentaux dans la reconfiguration des alliances globales.
- Le Brésil : leader dans l’exportation de matières premières, en particulier le soja.
- L’Inde : un fort développement dans le secteur des services.
- Le Bangladesh : point névralgique de l’industrie textile mondiale.
| Pays | Domaines de puissance | Impact sur les relations internationales |
|---|---|---|
| Chine | Technologie, commerce | Influence sur les chaînes d’approvisionnement |
| Brésil | Agriculture | Porte d’entrée sur les marchés alimentaires |
| Inde | Services et technologie | Partenaire stratégique des États-Unis |
| Bangladesh | Industrie textile | Amélioration de l’impact économique global |
Les défis contemporains et la reconfiguration des alliances
À l’heure actuelle, le monde est en quête d’un nouvel ordre mondial. Les puissances traditionnelles occidentales ne détiennent plus l’hégémonie qu’elles avaient auparavant. De récentes évolutions, telles que les avancées des nouvelles technologies et la montée des cybers risques, témoignent de la fragilisation des économies traditionnelles. L’émergence de puissances comme la Russie, avec ses piratages informatiques, vise à défier l’ordre établi tout en renforçant son autonomie.
La dynamique des blocs : le Sud Global
Les pays émergents se regroupent de plus en plus sous l’appellation « Sud Global », visant non seulement à établir une autonomie politique et économique, mais aussi à redéfinir les rapports internationaux en leur faveur. Ces nations cherchent à renforcer leur influence au sein d’institutions comme l’ONU ou le G20, constituant ainsi un contrepoids aux puissances traditionnelles.
- Indépendance financière : défis contre les institutions financières.
- Ressources stratégiques : contrôle des matières premières.
- Technologies numériques : nouvelles stratégies de cybersécurité.
Vers un monde multipolaire
Le monde moderne avance vers une multipolarité, où plusieurs centres d’influence coexistent et rivalisent. La mondialisation a malgré tout facilité l’interdépendance économique. Cependant, avec 96% des chaînes d’approvisionnement en terres rares contrôlées par la Chine, des pays comme les États-Unis, Européens et autres nations potentielles se retrouvent en situation de dépendance. Tout cela modifie non seulement les constructions sociales et économiques, mais aussi la structure même des relations internationales.
Cette redéfinition des rapports de force requiert une adaptation constante de la part des puissances établies, qui doivent naviguer dans un paysage de plus en plus complexe et incertain.
